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Le genre Prototheca a été décrit par Krüger en 1894 pour désigner un groupe d'organismes unicellulaires non pigmentés. Le cycle des Prototheca s'apparente à celui des algues du genre Chlorella. Le noyau unique subit un nombre irrégulier de divisions mitotiques immédiatement suivies d'un morcellement du cytoplasme. Les petites spores ainsi formées vont synthétiser leur propre paroi et se développer à l'intérieur de la cellule-mère. Celle-ci peut contenir jusqu'à une vingtaine de cellules-filles ou endospores. A la suite de la pression exercée par les endospores, la paroi de la cellule-mère se rompt et la libération des cellules-filles se produit de manière passive. Les Prototheca sont polymorphes : ovales, rondes, cylindriques ou réniformes et de tailles variables, les cellules pouvant varier de 4 à 30 µm de diamètre en fonction du stade évolutif et de l'espèce. Ces organismes sont isolés de milieux très divers : végétaux, sol, eaux usées, eaux de rivière et de mer.
Le premier cas de protothécose humaine à localisation cutanée est observé chez un riziculteur de Sierra Leone par Davies en 1964. Les lésions localisées au niveau du pied étaient provoquées par P. zopfii. D'une manière générale, la protothécose humaine reste rare. En 1976, Sudman estime qu'elle serait une infection de plus en plus fréquemment rencontrée et de récentes publications en cette matière renforcent sa prévision. Dans les cas des atteintes cutanées, la lésion primaire a le plus souvent l'aspect d'une papule rose qui correspond au point de pénétration de l'agent. Les lésions évoluent en devenant verruqueuses, ulcéreuses. Plus originales sont ces atteintes d'un ongle et d'un doigt. Certaines personnes qui de par leur métier ont un contact hydrique : égouttiers, riziculteurs, plongeurs de restaurant sont particulièrement exposées. Mais la plupart des cas s'observent chez des malades immunodéprimés. Les atteintes articulaires sont pratiquement toutes localisées au niveau du coude (bursite olécranienne) et font suite à une blessure ouverte ou à une intervention chirurgicale ayant permis l'introduction de l'agent. Les atteintes systémiques sont excessivement rares et les symptômes suggèrent que l'envahissement peut se faire à partir du tractus digestif. Citons aussi la publication récente de cas de protothécose chez des patients HIV+. Les trois types cliniques y sont retrouvés : cutané, articulaire et systémique. L'importance vétérinaire de ces affections est essentiellement due aux manifestations de mammite chez les bovins, avec de nombreux cas rapportés ces dernières années à travers tous les continents. Le premier cas reconnu de mammite bovine due à Prototheca a été diagnostiqué par Lerche en Allemagne en 1952, l'agent pathogène identifié était P. zopfii. La plupart des cas sont sporadiques mais ils peuvent revêtir un caractère épidémique. La prévalence des protothécoses est vraisemblablement sous-estimée par méconnaissance du problème. Dans le sud de la Belgique, depuis 1993 date du premier cas, nous avons recensé quarante cinq cas de mammite algale dont quatre avec allure épidémique. Les traitements chez l'homme associent l'exérèse chirurgicale et l'injection d'antifongiques in situ ou encore l'administration d'antifongiques per os. Les substances les plus souvent citées sont l'amphotéricine B ou les azolés. Ces traitements sont également transposés en médecine vétérinaire. Par contre, le traitement de la mammite bovine est plus aléatoire. Pour beaucoup d'auteurs, le seul moyen d'éradiquer l'infection commence par le renforcement des mesures d'hygiène dans l'exploitation laitière, par la mise à l'écart des animaux atteints voire l'abattage, et par un contrôle strict et régulier au moindre signe d'infection de la mamelle. A ce jour, la mammite bovine à P. zopfii pose toujours un problème de traitement par manque de médicaments actifs. Lagneau, Paul-Emile. Vous pouvez poser directement une question à P.E. Lagneau en utilisant le formulaire si dessous
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